province de Nakhon Ratchasima Il est 19 h 30 en cette soirĂ©e humide d’avril et la danse en ligne commence. Sur scène, des femmes habillĂ©es en cow-girls se balancent au rythme de la musique, chantonnant les paroles Ă mesure qu’elles avancent et reculent Ă l’unisson. Au moment oĂą elles retournent s’asseoir, j’entends des chevaux hennir au loin. Un groupe de cavaliers en chapeau et veste de daim passent au galop sur leurs montures noires et blanches. J’observe la scène, fascinĂ©, au milieu de clients portant des cravates lacets. C’est ma première soirĂ©e au Pensuk Great Western Resort, un complexe de vacances d’une quinzaine d’hectares situĂ© au cĹ“ur de l’Asie du Sud-Est. Les “cow-girls” sont de gracieuses ThaĂŻlandaises et les “cow-boys”, de frĂŞles et agiles ThaĂŻlandais. S’approchant de la scène, les hommes jouent leur version d’une bataille rangĂ©e de western, feignant de cogner comme des ivrognes sur leurs copains avant de se gratifier mutuellement d’un wai, courbette respectueuse effectuĂ©e les mains jointes. Au lieu de s’achever par une fusillade, la rixe se finit Ă la manière consensuelle thaĂŻe tout le monde danse sur la scène, cow-girls et cow-boys, femmes de la haute sociĂ©tĂ© thaĂŻe et touristes Ă©trangers. “Construire ici notre complexe de loisirs nous a paru Ă©vident”, m’expliquent le lendemain les directeurs du Pensuk, alors que j’essaie de comprendre comment le Texas s’est retrouvĂ© en pleine campagne thaĂŻlandaise. “Car c’est ici qu’il y a des cow-boys.” Les habitants du nord-est de la ThaĂŻlande, grande rĂ©gion d’élevage bovin du royaume, sont depuis longtemps fans de l’Ouest sauvage. Lors de la guerre du Vietnam, les GI cantonnĂ©s en ThaĂŻlande oĂą les Etats-Unis avaient installĂ© d’immenses bases aĂ©riennes [elles ont comptĂ© jusqu’à 50 000 hommes en 1969] ont apportĂ© dans la rĂ©gion leurs photos de Clint Eastwood, leurs albums d’Ennio Morricone et leur goĂ»t pour les steaks et les hamburgers. La culture cow-boy a ainsi pris racine. Pour les habitants de la rĂ©gion, les champs de maĂŻs brĂ»lĂ©s par le soleil du Nord-Est rappellent les plaines et les mesas qui forment le dĂ©cor typique des westerns, et leur musique traditionnelle – cordes grinçantes et complaintes mĂ©lancoliques – ne dĂ©tonnerait pas dans un bar de Tucson [Arizona]. Les habitants du Nord-Est se reconnaissent aisĂ©ment dans l’esprit indĂ©pendant des cow-boys – la rĂ©gion a tentĂ© de faire sĂ©cession et Ă©tait, il y a quelques dĂ©cennies encore, un foyer d’insurrection. Aussi, depuis une dizaine d’annĂ©es, des entrepreneurs thaĂŻs enrichis par le dĂ©veloppement Ă©conomique du pays ont ouvert un peu partout dans la rĂ©gion des ranches-hĂ´tels et autres reconstitutions de western. Yuttana Pensuk, un homme d’affaires prospère, a ouvert son ranch en 1995 par amour de l’Ouest amĂ©ricain, avant de le transformer en entreprise commerciale. Il accueille dĂ©sormais chaque annĂ©e des centaines de clients, dont beaucoup d’étrangers. J’avais dĂ©jĂ entendu parler de Pensuk Ă l’époque oĂą je vivais Ă Bangkok. Profitant d’une rĂ©cente visite dans la capitale, j’ai dĂ©cidĂ© d’aller voir ce qu’il en Ă©tait. Une fois sortis de la ville, nous laissons rapidement, mon amie et moi, les centres commerciaux derrière nous, pour rouler Ă travers un paysage dĂ©sert de garrigue ponctuĂ©e de plateaux et de falaises calcaires en dents de scie. Au loin, parfois, quelques rizières en terrasses pareilles Ă d’énormes gâteaux de mariage. A deux heures de route de Bangkok, bars de style western, restaurants de grillades et Ă©tals de fruits frais et de maĂŻs doux se succèdent le long de la route. Nous nous engageons dans une route secondaire bordĂ©e de petits Ă©levages de bovins et de vaches laitières. Des cow-boys au visage burinĂ©, les yeux perpĂ©tuellement plissĂ©s et mâchant du bĂ©tel au lieu de tabac conduisent leurs troupeaux Ă travers routes et pâturages. De temps Ă autre, le spectacle incongru d’une pagode bouddhiste surgit Ă l’horizon, ses toits pointus couverts de morceaux de verre colorĂ© scintillant tels des joyaux sous le soleil de la mi-journĂ©e. Il s’agit lĂ pratiquement du seul signe visible nous rappelant que nous nous trouvons en ExtrĂŞme-Orient et non dans l’Ouest sauvage. Les touristes thaĂŻlandais aiment Ă suivre ces routes, allant d’une exploitation agricole Ă l’autre pour y goĂ»ter yaourts et lait frais, faire une promenade Ă cheval ou passer la nuit dans une chambre d’hĂ´tes. La rĂ©gion est renommĂ©e pour son hospitalitĂ©. Partout oĂą nous faisons halte, il est aisĂ© d’engager la conversation. Sur le conseil d’amis, nous nous rendons Ă la ferme Yana, qui vend du lait de chèvre mais aussi un large Ă©ventail de produits dĂ©rivĂ©s du fromage, de la crème glacĂ©e et mĂŞme du shampooing ainsi que des fruits bio – papayes et melons charnus coupĂ©s en gros morceaux, si sucrĂ©s qu’ils vous laissent un goĂ»t de bonbon. Une curieuse version country-thaĂŻe de John Lennon Puis nous quittons de nouveau la route principale et prenons un chemin bordĂ© de boutiques et de bars de style western. Au Texas Saloon, nous nous installons dans une rĂ©plique de chariot couvert et Ă©coutons la conversation de trois AmĂ©ricains attablĂ©s Ă cĂ´tĂ© de nous, en attendant notre repas – une soupe Ă©picĂ©e tom yam et des hamburgers relevĂ©s de fines herbes locales. Puis nous nous risquons, Ă deux pas de lĂ , chez Buffalo Bill’s – le plus gros distributeur de produits western en ThaĂŻlande. De fait, on y trouve paniers-repas style cow-boy des annĂ©es 1950, tĂŞtes de bison Ă longs poils et derniers numĂ©ros de Western Horseman [magazine Ă©questre amĂ©ricain publiĂ© depuis 1936]. “J’adore le mode de vie dĂ©contractĂ© de l’Ouest amĂ©ricain”, nous confie l’une des propriĂ©taires, une femme prĂ©nommĂ©e Ing. “C’est la libertĂ©, et le Nord-Est [thaĂŻlandais] est pareil.” Ing, qui dirige le magasin avec son mari, ne vit que pour se rendre chaque annĂ©e Ă Denver, dans le Colorado, Ă un rassemblement cow-boy. Nous dĂ©barquons au Pensuk en fin d’après-midi. La grande rue, bordĂ©e de saloons des deux cĂ´tĂ©s, semble tout droit sortie d’un plateau de tournage pour westerns-spaghettis. Dans notre chambre, nichĂ©e derrière une fausse façade de boutique – les chambres de l’hĂ´tel sont amĂ©nagĂ©es en rĂ©pliques de saloons, de tipis et mĂŞme de cellules de prison –, toutes les surfaces ou presque sont couvertes de reproductions murales kalĂ©idoscopiques de mesas aux couleurs psychĂ©dĂ©liques et aux formes Ă©tranges. On dirait un mĂ©lange de Robert Crumb et de Georgia O’Keeffe [deux artistes amĂ©ricains, le premier connu pour ses bandes dessinĂ©es critiques, voire subversives, la seconde pour ses paysages synthĂ©tisant abstraction et figuration]. MĂŞme la salle de bains est dotĂ©e d’une touche western dĂ©concertante sur le siège des WC, le dessin d’une tĂŞte de cheval ne me quitte pas des yeux. Je passe une heure ou deux Ă flâner, traversant des vallons herbeux et des terrains arides parsemĂ©s de cocotiers, de fougères tropiÂcÂales gĂ©antes et de buissons isolĂ©s. Des chevaux se blottissent Ă l’ombre des cocotiers, cherchant Ă Ă©chapper Ă la chaleur accablante. Des enfants courent autour d’un tipi en poussant des cris, tandis que leurs parents examinent l’intĂ©rieur et prennent des photos. Des clients s’essaient au tir Ă l’arc, des cuisiniers font cuire Ă la broche un cochon entier. Des musiciens en chapeau de cow-boy et en jupe de flanelle jouent une curieuse version country-thaĂŻe d’Imagine. Un paon solitaire se pavane dans un coin, exhibant sa roue, tandis que, dans un champ, un employĂ© mène Ă un trot modeste un cheval portant sur son dos un garçonnet coiffĂ© d’un 10 gallon hat haut chapeau. Le Pensuk loue en effet aux visiteurs des couvre-chefs de style western. TĂ´t le lendemain, la lumière rose du soleil me rĂ©veille. Alors que les autres clients dorment encore, je marche jusqu’à la limite de la propriĂ©tĂ©. Dans les champs voisins, je dĂ©couvre des sanctuaires dĂ©crĂ©pits au pied desquels s’amoncellent des offrandes de fruits. J’avais presque oubliĂ© que j’étais dans une rĂ©gion profondĂ©ment bouddhiste. L’image de temples rĂ©cemment visitĂ©s me revient. Dans certaines parties de l’Asie du Sud-Est, certains monuments bouddhistes ont Ă©tĂ© restaurĂ©s Ă la Disney. Mais pas dans le nord-est de la ThaĂŻlande. Comme les paysages rudes et les traits creusĂ©s des cow-boys, les ruines sont patinĂ©es par le temps. Leurs pierres grossièrement taillĂ©es et blanchies au soleil sont polies par les moussons et les pas des moines des siècles passĂ©s. Une fois mon amie levĂ©e, nous nous attablons pour un petit-dĂ©jeuner Ă la mode du Pensuk – une orgie de viande –, puis nous nous dirigeons vers Chokchai, situĂ© non loin de lĂ . S’étendant sur plus de 3 000 hectares de prairies naturelles et de champs de tournesols, Chokchai est le plus grand Ă©levage laitier d’Asie du Sud-Est. Nous optons pour une visite complète des lieux, qui commence avec un vieux film en noir et blanc du dĂ©but des annĂ©es 1960 dĂ©crivant le rassemblement des troupeaux. Une guide en jeans et chemise Ă carreaux nous conduit ensuite de la station de traite jusqu’à un enclos, oĂą elle se lance dans la description dĂ©taillĂ©e d’une insĂ©mination artificielle. Nous finissons par la visite des Ă©tables, oĂą des ouvriers agricoles dĂ©ploient leurs talents pour la capture de veaux au lasso, le marquage au fer et l’équitation. “On peut observer le mode de vie cow-boy partout en ThaĂŻlande”, m’assure Choak Bulakul, qui dirige la sociĂ©tĂ© Chokchai. “Nous le rendons accessible Ă tous.” De fait, une semaine plus tard, de retour Ă Bangkok, je remarque partout des signes de ce “mode de vie cow-boy”. De jeunes loups armĂ©s de leur tĂ©lĂ©phone portable engloutissent des portions de viande gargantuesques dans des grils Chokchai. Les cinĂ©mas projettent un western gay version thaĂŻe parodiant Brokeback Mountain. Ici et lĂ , au pied de tours, des bars western accueillent des crooners chantant une ode Ă la gloire de leurs bien-aimĂ©es – et de leurs buffles d’eau. Un soir, j’entre au Tawan Daeng, un bar cow-boy dans la banlieue nord de la capitale. De jeunes gens en pantalon tape-Ă -l’œil et en robe moulante sont installĂ©s Ă de longues tables enserrant la piste de danse et descendent de colossales quantitĂ©s de whisky bon marchĂ©. Les murs sont tapissĂ©s de portraits des plus grands chanteurs de country, dont certains, Ă l’image de leurs homologues amĂ©ricains, sont morts tragiquement jeunes. Un groupe de dix musiciens entre en scène, hurlant du mor lam, de la country Ă©lectrique thaĂŻe aux changements de tonalitĂ© surprenants. FlanquĂ© de danseuses en tenue de pom-pom girls amĂ©ricaines, le chanteur se penche et entonne une interminable ballade sur l’élue de son cĹ“ur qui, dans la plus pure tradition country-western, l’a quittĂ© pour un autre. Les couples envahissent la piste, mĂŞlant quadrilles amĂ©ricains et danses lentes traditionnelles thaĂŻes. La chanson se conclut par un solo d’harmonica plaintif. Pendant que le chanteur s’empare Ă nouveau du micro, les serveurs remplissent une fois de plus les verres de whisky.
Ils’agit d’empêcher que cet ivoire ne se retrouve sur le marché, car son commerce encourage le braconnage des éléphants. Nous n’avons pas besoin d’ivoire. Les éléphants, si ! Eh oui, en détruisant ainsi de l’ivoire, on va décourager le braconnage des éléphants, c’est évident ! C’est trop mignon ! Add this video to my blog 1941~Les éléphants~C'est eux, c'est eux,Ils viennent à la queue leu leu,Rataplan voici les éléphants !Ça y est, c'est fait,Oui, cette fois c'est la eux, c'est eux,Ils encerclent l'ennemi,Jusqu'au lit,À quelle stratégie !Rata, taplan,La marche des éléphants !Est-ce un assaut ? Est-ce un assaut ? Moi je n'ai rien de nouveau.[?] moi bataillon,Pour n'avoir bu que quelques verres,Y'a vraiment de quoi être en colère,Ça servira de leçon !C'est une trompeuse,Si je pouvais prendre la fuite,Ils sont en technicolor,Et quand y'en a plus y'en a encore !Au secours !Allez vous en !Allez vous en !C'est affreux,Il n'y a qu'eux,La marche des éléphants !Des éléphants !Des éléphants !Des éléphants ! Posted on Sunday, 16 January 2011 at 437 PMEdited on Friday, 26 December 2014 at 1254 AM